Bistrot moderne à quelques enjambées de la gare des Brotteaux, ce Café du Peintre peut aussi être représenté comme le bouchon idéal, dont il reprend les codes en s'inscrivant dans ceux de l'époque. Ce qui s'explique facilement lorsque l'on sait que la reine des fourneaux est Florence Périer, "née et élevée entre deux tabliers de sapeur", et que son fils Maxime anime la salle avec un brio incontestable (qui lui valut il y a deux ans le titre national de Jeune Directeur de Salle de l'Année par Gault&Millau), propre à l'enfant de la balle qu'il est, par Florence sa maman, et aussi par son papa, Christian Têtedoie. Le résultat correspond à tout ce qu'on attend d'un lieu comme celui-là et à cet endroit : un cadre authentique, une ambiance de feu du Temps des Copains remasterisé 2019, une ardoise qui fait saliver, entre le pur lyonnais et les suggestions bistrotières ; la terrine de veau, les cochonnailles, les harengs pommes à l'huile, mais aussi une salade de pissenlits, œuf parfait et poitrine fumée, la quenelle de brochet de chez Sibilia, la tête de veau, l'andouillette gratinée ou la cervelle d'agneau meunière, ou encore la raie grenobloise beurre noisette, généreuse et impeccable : tout fait sens et ventre, tout est bon, adroit, joyeux et massivement franc, comme le service féminin dévoué et complice autour de Maxime, et gouleyant comme tous ces crus régionaux que le jeune patron déniche et fait partager en évoquant chaque vigneron comme des amis avec lesquels on aimerait échanger une solide poignée de mains. La vérité d'un succès contemporain est bien là, dans cet intérieur sans façons où règne une chaleur amicale qui n'est pas fabriquée (certains viennent tous les jours, d'autres pour la première fois, adoptés d'emblée comme des habitués de longue date) de l'entrée aux desserts, pas bien chers comme le reste et confectionnés avec autant de cœur, la mousse au chocolat comme le tiramisu, la tatin aux pralines ou la tarte au citron, posés de façon appétissante sur la table centrale.