Dans une petite rue proche du palais de justice, Mickaël Féval démontre un sacré talent du dressage qui rattrape un peu l’atmosphère convenue de ce cocon bourgeois, malgré une jolie décoration aux murs tapissés de toiles contemporaines, et des tables séparées par d’amusantes claustras de troncs d'arbre nus dans des bacs à fleurs. Au menu « la petite tentation » (51 €), un tartare de maigre. Belle assiette, dés de rhubarbe sans âme et tuiles de charbon alimentaire au sommet d'un mélange quinoa et… maigre accompagné d’une vinaigrette iodée et fleurs de capucine. Le saumur Domaine du Hureau « argile » est en harmonie mais pas donné (12 € le verre). Les deux suprêmes de poulet noir de Challans en forme de carottes (un peu fades) sont entourés de petites touches de chlorophylle de persil, bonnes morilles farcies d'une duxelles, des gnocchis au thym et à côté, un délicieux espuma de pommes de terre aux champignons et jus de morilles. La variation sur le miel est un dessert réjouissant. On y trouve un espuma de miel toutes fleurs, un sorbet au yaourt surmonté d'une tuile alvéolée piquetée de graines de pollen, et des granola amande, cajou avoine et miel. La carte des vins aligne de prestigieuses étiquettes en harmonie avec une clientèle aixoise, et quelques autres en biodynamie chinon domaine de la Noblaie « les chiens-chiens », côtes du rhône domaine la Cabotte « Colline » (39 €, le moins cher). Le chef est un pro, assurément, et l'ensemble doit maintenant gagner en naturel et empathie.